5- Idées secondaires et Pivots
J’ai longtemps (dix secondes…) hésité sur le nom à donner à ce chapitre car je tanguais aussi sur « Collatéral aux questions => COMMENT ? »
En gros, ils décrivent la même chose, car oui, l’histoire va de A à B, mais son cheminement fait… plutôt, DOIT faire plusieurs détours qui sont obligatoires si on désire avoir une histoire qui tient le lecteur en haleine et qui fait monter la dramatisation du récit, qui est un autre point important, ce que vous avez vu dans un autre article.
Et comment fait-on cela ?
Il y a deux façons principales de faire ces déviations :
1- En suivant des Sous-Histoires, des anecdotes reliées et/ou complémentaires qui ajoutent quelque chose à l’histoire sans la modifier en profondeur (Sauf à la fin).
=> Dans Harry Potter-1, le prof à deux visages est l’exemple parfait de sous-histoire. On voit la complicité entre le prof et Voldemort du tiers jusqu’à la fin sans que Harry le sache.Note – Obligation de narration en « Il » ou « Multi » dans ce cas.
2- En faisant diverger l’histoire avec des détours brusques avant de la ramener dans l’idée de base à la toute fin : des Pivots. (Le propre des thrillers qui en ont toujours plusieurs.) Tous les narrateurs y ont accès sans problème et je les encourage fortement, car ils rendent les histoires plus intéressantes.
=> Dans Harry-1, lorsque Hagrid kidnappe Harry sur l’île, changeant complètement sa vie. Puis sur Le Chemin de Traverse, lorsqu’il réalise qu’il est riche à millions, changeant encore sa vie.
3- En s’amusant avec les deux méthodes, surnommé Snakes en scénarisation. (Méthode éprouvée, mais qui est parfois dangereuse en littérature, car on peut y perdre le lecteur si le récit n’est plus assez centré sur l’Idée principale à cause d’une overdose de ceci.)
=> Le meilleur exemple est à la fin de Harry Potter-4 où la confusion est extrême, car trop d’intersection de narration et de vecteurs convergents d’histoire en même temps.
1- Les Sous-Histoires (SH)
Ce doivent être des parties de récit qui demeurent cachées au personnage principal, mais qui va lui sauter au visage à un certain moment.
Les seules limites à ceci sont la narration en « Il » et la confusion que cela peut engendrer avec l’histoire principale. Un truc ? Vous devez donc toujours les insérer à la toute fin d’un chapitre et ne pas en mettre plus de deux à la fois par récit, sinon, c’est le bordel le plus total. (Mon erreur dans certains Lilith et celle de Rowling dans son #4.)
2- Les Pivots (PTM, PTS et PI)
Essentiels à tout récit !!!
Et comment doivent se faire ces détours nommés Pivots, ou Points Tournants en scénarisation ?
Le plus abruptement possible afin de déstabiliser le lecteur.
Car plus l’effet de surprise des Pivots/Points Tournants est grand, plus les lecteurs vont se rappeler de vous et de votre histoire.
Vous ne devez surtout jamais… jamais les télégraphier !!!
Les lecteurs ne doivent absolument pas les sentir venir !!!
C’est l’as dans votre manche pour garder le lecteur captif !
Mais combien doit-on en avoir ?
Le plus possible ! est la meilleure réponse, ici.
Y en a-t-il des immuables ?
Oui, soit celui qui met fin à l’intro et celui qui annonce la finale. Ils sont même obligatoires à tout récit. Nous les appelons les Pivots Majeurs (PTM)
Et à quoi servent-ils, exactement ?
Les Pivots, qu’ils soient majeurs ou secondaires, au centre du récit (P), servent surtout à faire bifurquer l’histoire vers un autre vecteur d’histoire, une autre direction bien différente d’avant pour briser la monotonie du récit, pour le rendre imprévisible, amenant de ce fait une augmentation de la trame dramatique, rendant ainsi votre roman beaucoup plus palpitant pour le lecteur… qui le recommandera à d’autres.
Or, il y a aussi le cas des pivots dits informatifs (PI). Ce sont des préparations à ces Pivots primaires, là où les atouts des personnages principaux, ou situations, changent radicalement, mais sans affecter le déroulement de l’histoire comme telle. (La baguette de Harry, qui est aussi celle de son ennemi Voldemort, les emmenant sur un pied d’égalité à ce propos, en est un bel exemple.)
Je sais fort bien que ce n’est pas évident à décrire la différence entre ces Pivots et je préfère vous le démontrer… encore avec Harry.
- Au tout début du premier tome, lorsque Harry va au zoo, il réalise qu’il peut parler aux serpents. Cela le déstabilise fortement, mais sa vie suit son cours sans modification par après.
Parce que le fil de l’histoire n’est pas altéré, nous appelons cela un PS, pivot secondaire.
- Quelques pages plus tard, lorsqu’ils sont réfugiés sur une île et que Hagrid vient tout démolir pour « enlever » Harry afin de l’emmener dans son monde magique, l’histoire prend un virage majeur pour le personnage principal qui voit son existence monotone changer du tout au tout.
Cette fois, il n’y a pas de question à se poser, c’est un Pivot dit Majeur. C’est PTM1, le point tournant annonçant la fin de l’intro. (PTM2 est celui bifurquant brusquement vers la fin.)
- Les pivots majeurs de mi-parcours (PTS), quant à eux, peuvent survenir à n’importe quel moment et tous les lecteurs les adorent. (Lorsqu’à la gare, Harry traverse la colonne de béton avec son chariot pour découvrir des centaines d’étudiants en magie autour du train Hogwarts Express et qui l’adulent à cause de sa cicatrice, rendant célèbre en une seconde celui qui avait toujours été fort effacé.)
Un conseil ?
Planifiez-en donc plusieurs dans votre plan de base… Ce sont eux qui rendent un récit mémorable !
3- Les Snakes (S)
Expression reliée à la scénarisation moderne de séries télé qui est de plus en plus utilisée dans la littérature de séries, surtout anglophone.
Ce sont des Pivots survenant à des Sous-histoires qui changent brusquement leur cours. Patterson les utilise depuis toujours avec grand effet dans presque tous ses thrillers. (Je crois même qu'il en est l'origine, mais il a une maîtrise des vecteurs de récit que peu d’auteurs ont…)
Les Boucles de temps (Time Loops - TL) en sont aussi jusqu’à un certain point.
Note personnelle : Par obligation, je vais vous avouer avoir tenté le coup dans Lilith-12, mais j’ai exagéré et mon histoire était devenue tellement confuse pour les lecteurs que j’ai dû retirer le tome original du marché numérique, le réécrire presque au complet, avant de le remettre sur le marché avec une trame plus linéaire, n’ayant plus que deux Snakes au lieu de 6.
Je n’en inclus plus qu’un, max deux, par tome depuis, et ce, même si j’ai plus d’une cinquantaine de personnages par tome.
Donc, à éviter si possible (Surtout si vous n’écrivez pas une série), mais dans le cas de longues sagas complexes où on finit par ne plus avoir le choix, c’est à utiliser avec grand soin et parcimonie… Car ce n’est pas évident du tout à réaliser sans foutre toute la fluidité du récit en l’air ! (Croyez-moi qu’au début, vous réécrirez souvent vos histoires si vous les utilisez…)
AVERTISSEMENT SUPPLÉMENTAIRE POUR :
LES BOUCLES DE TEMPS, retour en arrière, Time Loops…
À utiliser avec encore plus de retenue que les Snakes eux-mêmes !
Une seule par tome… Gros maximum de deux, mais alors, très, très courtes !
De plus, si vous devez absolument en faire, elles doivent être bien spécifiques et devenir un chapitre à part, même si elle ne sont longues que d’une ou deux pages.
En revanche, si votre boucle requiert plusieurs chapitres, débrouillez-vous pour qu’ils soient au début, sinon vous allez complètement bousiller votre fluidité de récit et perdrez des lecteurs !
En conclusion, il y aura autant d’Idées secondaires que vous aurez de Pivots…
Et plus vous aurez de Pivots, plus votre histoire sera intéressante pour les lecteurs !!!
Alors, trouvez-vous des trucs pour en créer le plus possible sans briser la fluidité de votre récit.
Sur ce point, chaque auteur a sa propre méthode…
Trouvez la vôtre, car il n’y a aucune valeur sûre autre que notre propre imaginaire à ce sujet !